Introduction
Je viens de m’inscrire à la compétition de marche et vol Jura Hike & Fly et je me suis demandé si il y avait une théorie similaire à celle du speed to fly pour optimiser sa tactique. Ne trouvant rien, j’ai décidé d’essayer de le faire moi-même.
Mise en équation du problème
Imaginons le cas suivant. Nous sommes en plaine tôt le matin avec le parapente sur le dos et nous voulons aller le plus vite possible dans la direction de la prochaine balise. ll n’y a pas de thermique ni de vent. Il se trouve que l’on est au pied d’ une colline avec un décollage au sommet. Deux options s’offrent à nous pour continuer d’avancer:
- rester en plaine et marcher à plat (option hike).
- monter sur la colline puis voler jusqu’en plaine (option hike & fly).
Les deux options sont décrites dans la figure ci-dessous pour une colline d’une hauteur h au dessus de la plaine et une distance d à parcourir.
Quelle option est la plus rapide? Pour répondre à cette question on peut mettre le problème en équation et calculer le temps nécessaire pour chacune des variantes.
Soit:
\( V_v\) : vitesse verticale en montée à pied
\( V_p\) : vitesse à pied au plat
\( V_a\) : vitesse horizontale en vol
\( t_p\) : temps nécessaire pour plier et ranger le parapente
\( t_{dp}\) : temps nécessaire pour déplier le parapente et décoller
\( h\) : dénivelé de la montée à pied
\( d\) : distance horizontale en vol
\( f\) : finesse en vol
\( t_{h}\) : temps de déplacement en mode hike
\( t_{h \& f}\) : temps de déplacement en mode hike & fliy
Et la définition de la finesse: \( f= \frac{d}{h}\)
Alors
Le temps du parcours de l’option hike est: \( t_{h} = \frac{d}{V_p} \)
Le temps du parcours de l’option hike & fly est : \( t_{h \& f} = \frac{h}{V_v}+ t_{dp} + \frac{d}{V_a}+ t_p\)
Application des équations
En fixant les paramètres on peut maintenant calculer le temps de chaque option et ce faisant de déterminer laquelle est la plus rapide.
Par exemple:
\( V_v = 700\) mètres par heure
\( V_p = 5\) kilomètres par heure
\( V_a=36\) kilomètres par heure
\( t_p=10\) minutes
\( t_{dp}=10\) minutes
\( h=700\) : mètres
\( f=10\)ce qui entraîne:
\( t_h = 1h24\) \( t_{h\&f} = 1h31 \)Et donc dans le cas présent pour être le plus rapide possible il faut mieux marcher en plaine.
Si on change un peu les paramètres et que la hauteur de la colline est de 1500 m alors
\( t_h = 3h\) \( t_{h\&f} = 2h54 \)Et cette fois c’est l’option hike & fly qui est la plus rapide.
Hauteur minimale
On comprend que globalement plus la colline est haute, plus l’option hike & fly est avantageuse. A partir de quelle hauteur exactement il est plus rapide de monter et voler? Pour répondre à cela il faut encore un peu manipuler les équations.
On pose \( t_h = t_{h\&f} \) et on résout.
(1) \( h_{min} =\frac{t_{dp}+t_p}{\frac{f}{V_p}-\frac{1}{V_v}-\frac{f}{V_a}} \)
Si on reprend les paramètres définit plus haut on obtient:
\( h_{min} = 1135 \) mètres.
Donc si le dénivelé jusqu’au décollage est inférieur à 1135 m., il est plus rapide de marcher en plaine. Dans le cas contraire il faut déployer ses ailes!
Naturellement cette hauteur critique dépend des autres paramètres. Si on est plus rapide pour plier et déplier son parapente, alors on imagine bien qu’il est plus vite avantageux de voler. Grâce à l’équation (1) on peut déterminer cette dépendance:
Par exemple si il faut 10 minutes pour déplier et plier son matériel, il faut que le décollage soit au moins 560 m plus haut que la plaine. Si on a besoin de 25 minutes, au moins 1400 m.
On peut aussi d’intéresser à dépendance de la hauteur minimal en fonction de la vitesse verticale.
Comme on s’y attend plus la vitesse verticale est élevée, moins la hauteur du décollage à besoin d’être élevé. D’autre part on voit que si la vitesse verticale est inférieur à environ 600 m/h, la hauteur minimal n’est plus définie, ou en d’autres mots l’option hike est la meilleur. On peut d’ailleurs calculer précisément cette vitesse minimale:
\(V_{v_m} = \frac{1}{f(\frac{1}{V_p} – \frac{1}{V_a})}\)Dans le cas présent \(V_{v_m} = \) 580 m/h
Un aspect que l’on a pas considéré jusqu’à maintenant est le fait que le parcours en plaine ne se fait pas sur un chemin rectiligne. Une façon d’en tenir compte est d’introduire un nouveau paramètres alpha définit comme suit:
\(\alpha = \frac{d_s}{d}\) où \(d_s\) est la longueur du chemin au sol.
En intégrant ce paramètre dans l’équation (1) on obtient:
(2) \( h_{min} =\frac{t_{dp}+t_p}{\frac{f\alpha}{V_p}-\frac{1}{V_v}-\frac{f}{V_a}} \)
et on peut alors calculer la dépendance de la hauteur minimale en fonction de alpha:
Conclusion
Nous avons mis en équation un cas idéalisé où on doit choisir entre deux options: marcher en plaine, ou monter sur une colline et planer jusqu’en plaine. Essentiellement pour que la variante hike & fly soit avantageuse il faut que la hauteur de la colline soit suffisante. Cette hauteur minimale dépend de nombreux facteur et en particulier de notre vitesse en montée à pied, du temps nécessaire pour plier et ranger sa voile, et du chemin à suivre en plaine. Grâces aux équations introduites Il est possible de décrire ces dépendance avec des courbes.
Cette mise en théorie est une premier essais et on peut encore beaucoup l’améliorer. Elle décrit un cas idéal et il est difficile de l’appliquer pour une cas pratique. D’autre part on pourrait aussi imaginer intégrer l’effort nécessaire pour chacune des des options.
Finalement les valeurs des paramètres choisis correspondent à mon expérience, et devrait donc être changé pour une autre personne.
Hello Lionel, belle mise en équations !
Les facteurs fortement influents comme le temps de pliage, de mise en action, ainsi que la vitesse de montée sont des points que Chrigel a travaillé spécifiquement dès ses débuts. On voit bien l’impact théorique, en plus d’être chaque fois un plus plus tôt au déco, qui te permet de prendre des cycles plus tôt.
L’équipe de Relief Maps pourrait être intéressée a introduire ce comparatif H ou HF, depuis son point actuel, via le calcul d’itinéraire intégré. Un potentiel choix d’un déco et un facteur de plané potentiel (pour tenir compte de soaring, thermiques, vent de cul) pourrait lier le tout. Bravo et au plaisir de revoler ensemble 😊
Très bonne idée pour Reliefs Maps!
Merci Lionel pour ce boulot. D après grigel, a partir de 500 m de dénivelé, ça faut la peine de monter. Beaucoup moins traumatisant pour ton petit corps, plus sympa pour la tête . Évidemment, il ne faut pas de risque de pluie, de vent de cul et surtout être sur d avoir un décollage !!! Je me réjouis de te revoir en vol et à pied.
J’imagine que Chrigel plie et déplie rapidement son matériel. Si je suppose qu’il n’a besoin que de 5 minutes pour plier et 5 minutes pour déplier, j’obtiens qu’il faut au moins 560 m de dénivelé. Pas loins!
Salut Lionel
Jolie prise de tête.
Pour ajouter une donnée prendre en compte l’heur d’arrivée potentiel à un décollage suivent à la meilleur heure pour profiter des thermiques.
Est-il profitable d’attendre sur le premier décollage ou D’avancer.
Cela vas dépendre de la direction du vent puisque se lui ci va d’déterminer l’orientation du décollage et de l’heur du déclanchement des premier thermique.
La distance du prochain décollage peut également avoir une influence. surtout dans le jura ou les décollage ne sont pas légion et le déniveler parfois faible.
Tout à fait d’accord pour l’heure d’arrivée et la direction du vent.
Pour la distance du prochain décollage je ne vous pas très bien. Tu peux expliquer?